Pêle-Mêle
L’année de création du site ! Les charges sonores sont puissantes, les variations des pulsations cardiaques sont nombreuses, instables, précaires, inquiétantes. De quoi alimenter un éventail de créations ultra singulières, que ce soit pour faire du classique ou du totalement neuf. Attention, émotions multiples en approche !
Et finalement, c’est bien le maître-mot de l’album qui m’a le plus marqué cette année-là. Des émotions pures, au service de sentiments finalement exposés au grand jour, après avoir végétés trop longtemps dans de la pénombre…
SHLOHMO – « Dark Red »
Rouge foncé. Très foncé. Rouge sombre. Cramoisi. Saturé d’émotions…
C’est dans un état affectif précaire, passant de la léthargie à la frénésie, que te laisse les vagues successives de Dark Red. De ces nombreuses influences, de ces sonorités variées, une teinte semble persister. Celle de la cendre, mais aussi celle de la grisaille orageuse prête à péter en mille lumières électriques à tout moment.
Mais ces moments arc-en-ciel sont pas vraiment au cœur des compos. Pas grave. La mélancolie drappe l’ensemble des mélodies et des ambiances de l’album, pour mieux t’enserrer et t’enliser… Car c’est bien de la bande originale d’une chute dont on parle, qu’elle soit physique, affective, émotionnelle, symbolique ou sentimentale.
L’ambiance est à l’inquiétude. Tiraillé entre humeur maussade et émotions brutes, Shlohmo nous traîne dans les bas fonds crados de la bass music. Une OST parfaite pour fins de soirées amères, et plus si affinités…
Entre basses lourdes, rythmiques syncopées ou faussement lentes, descentes mélodiques de synthés qui te prennent directement aux tripes, impossible de rester impassible. Les instrus déroulent, les imaginaires fusent, sombres, mais pleins d’émotions. Comme cette meuf en retour de soirée dont les larmes ont fait bavé le maquillage sur son visage… Et selon la track, son récit est plus ou moins glauque…
Tout l’album s’écoute d’une traite, sans chute de qualité, rebondissant d’émotions en sentiments puissants, souvent un peu tristes, amers, mais doux. Un bonheur-triste addictif, dans lequel on replonge pour plein de raisons, bonnes comme mauvaises…
Ten Days of Falling, saturé à souhait ; Meet Ur Maker et son rythme syncopé brillant évoluant à tâtons dans une mélodie embrumée ; Buried et cette guitare d’outre tombe belle à en chialer sans honte en public ; Slow Descent et sa chute libre toute en percus subtiles, Ditch et sa complainte la gorge serrée de sanglots qui finiront bien par sortir, et enfin Beams, final obsédant et apocalyptique.
Dark Red est un joyau mésestimé à sa sortie et bien trop peu connu quasi 10 ans plus tard. C’est pourtant un rubis à la robe très sombre, qu’on prend un malin plaisir à scruter pour tenter de voir à travers, année après année, en y décelant ça et là les bourgeons des fleurs noires les plus magnifiques.
Anthracite
En bonus, le live pour Boiler Room, magnifique