Pêle-Mêle
Légère transition, les prémices du lâcher-prise de l’actualité et de l’avant-garde musicale. Mais ça n’empêche pas de suivre ou de dénicher quelques pépites. Et faut avouer que le(s) Hip hop a (ont) la part-belle…
Mais pour décider quel sera l’album marquant de 2017, me voilà pris d’une crise de paralysie du choix, la même qui saisie n’importe quel quidam face aux offres pléthoriques de streaming… Alors voilà un trio méritant leurs quelques lignes respectives.
milo – « who told you to think??!!?!?!?! »
La créativité abstraite et poétique du Hip hop indé dans sa version « post moderne ». Un mélange d’ambiances boom bap, jazzy, avec d’autres, plus expérimentales, plus obsédantes (avec usages répétitions et autres glitches). Le tout suspendu au flow libre de milo, parfois nonchalant, qui d’un coup accélère, se déstructure, déroulant des rimes fraîches et littéraires.
Cet album très « art rap » est d’une cohérence et d’une consistence à toute épreuve. Les tracks se suivent sans baisse de qualité, pas de déchets, de la variété, toujours parfaitement adapté au rap de milo. Un magnifique voyage musical de 45 minutes dans un nuage (de fumée ?) perché dans une galerie d’art underground… Hip hop des beaux-arts !
DANNY WATTS – « Black Boy Meets World »
Un autre album de rap. Plus intimiste que le précedent, plus personnel sans doute. Mais lui aussi s’affranchi du besoin de coller aux normes et aux canons de la société du spectacle. Le premier jet de Danny Watts n’est pas produit par un rookie, puisque c’est Jonwayne qui se colle aux machines, pour le plus grand plaisir de votre serviteur, forcément 🙂
Les ambiances oscillent entre pièces bien peace, chaudes et soulfull, puis des moments plus tendus, plus intenses, flirtant parfois avec la parano… Ce « Back Again » tout droit sorti d’un sous terrain de Castlevania, un délice de moiteur sonore ! Cet album confession a un vrai charme, celui de la sincérité, une chose aussi rare que précieuse dans le rap d’aujourd’hui.
MOUNT KIMBIE – « Love What Survives »
Nous y voilà. Ce Mount Kimbie « hors répertoire » qui a dû décontenancé nombre de fans de la première heure. C’est pas mon cas (ni décontenancé, ni fan de la première heure).
On oublie l’étiquette « Post-dubstep » (qui veut pas dire grand chose), genre electronica bien pointue. On sort les synthés, les guitares, on fait péter la batterie et on se plonge dans le bain glacial (et pas vraiment moussant…) du post-punk. Résultat ? Des lignes rythmiques beaucoup plus droites, robotiques, parfois un peu sourdes, pour des ambiances glaciales, plutôt dépouillées, mais d’une efficacité dingue ! Cf les 80’s…
Malgré l’envie de produire une musique analogique et vivante, l’album de Mount Kimbie est une oeuvre monolithique assez froide de prime abord. Puis, au fur et à mesure que les morceaux s’étoffent, après les intro formelles de rigueur, on découvre une musique au final terriblement attachante et d’une beauté incroyable.
La singularité d’une apparence si froide décuple cette impression contradictoire de chaleur. Nos sourires intérieurs foisonnent à l’écoute de cet album. Mais on est jamais à l’abri, dans un dernier soupir de batterie étouffé ou dans une note piano quasi muette, d’apercevoir, à la lueur blafarde d’un néon, une larme couler sur la joue de l’auditeur…
Love What Survives est une belle expérience musicale, quasi hors du temps, riche en émotions inconstantes. Une oeuvre séduisante, mais pour laquelle il faut savoir se laisser amadouer !
Anthracite