2022 // SERENADE CYBERNETIQUE

Pêle-Mêle

Largué. Ailleurs. Les investigations musicales de 2022 sont encore en suspens. Les albums repérés et à écouter pas si nombreux… C’est ce qui s’appelle décrocher non ? Mais au milieu de quelques clics curieux et des lectures de « curateurs avisés » (merci aux Chroniques Automatiques et à Fake for Real), on finit par mettre l’oreille sur des perles…

R.A.P. FERREIRA - "5 to the Eye with Stars"
Parce que l'orfèvrerie garde sa griffe
DANIEL AVERY - "Ultra Truth"
Pour une marche de pleine lune émo
billy woods - "Aethiopes"
Pour l'aridité poétique tellement abstract
billy woods - "Church"
Pour sa beauté rouillée et cabossée
BARRY LYNN - "Compositions For Software Instruments"
Pour finir et commencer une soirée en même temps
Pour les nostalgiques d'Anticon
Pour l'amour de la 808
Parce que la cavalerie cosmique sonne la charge au synthé
Parce que second degré forever
KENDRICK LAMAR - "Mr. Morale & The Big Steppers"
Parce que comme tout a été dit sur Kendrick, autant tenter une écoute

Certaines ont été découvertes il y a quelques jours à peine. Mais l’album marquant de 2022 était presque certain de l’être au moment où j’ai pris connaissance de son existence…

KUEDO – « Infinite Window »

Cette émotion de voir ce nom sur Bandcamp, c’est comme revoir un vieux pote sur un quai de gare. Sourire intempestif naturel… Ouais, le simple fait de se dire qu’on va se ré écouter un album de Kuedo en mode Juke cyberpunk épileptique te met dans un espèce d’état d’excitation étrange, avec un espoir secret. Celui de revivre les mêmes trucs que sur Severant, le précedent coup de maître, 11 piges avant.

Mais avec l’expérience, on apprend à se méfier de cet enthousiasme aveugle, on anticipe même la déception. Pourtant, cette fébrilité émotionnelle est là, quasi palpable. Et dès les premiers instants, elle se confirme. Une intro cristalline parfaite, qui accélère tranquillement pour installer l’ambiance. Un mode « scan tous azymuts » qui prend de l’envergure avec la suite.

Harlequin Hallway, une pièce jouée en 3 temps contrastés. Un crescendo parano quasi vibrant, passant du breakbeat gelé à la trap fantomatique, pour finir sur un moment glaçant, robotisé à l’extrême et pourtant totalement spectral. Si on se demande à quoi ressembleront les instruments de musique du futur, cette espèce de flûte traversière « quantique » en donne un aperçu. Et soutenue par une charley qui devient un quasi bruit blanc tant sa vélocité est poussée à l’extrême, l’écoute vire à la palpitation, le son devient hypnotisant, nos émotions sont hackées avec succès…

On descélère ensuite, pourtant la filiation avec Severant est omniprésente, ultra plaisante. Puis de nouveau tout s’emballe. Après une phase plus « ambient » (mais totalement spatiale), Shadow Dance s’installe. Chaque élément pète la classe dès qu’il fait son entrée dans la compo. Et quand le rythme augmente et que la charley se pointe… c’est reparti pour un tour de manège cybernétique halluciné, qui finit en totale liberté, bien haut dans les étoiles.

Ces 11 pistes, faut les envoyer à Damasio. En ces temps de bascule technologique disruptive avec une IA prête à mettre la moitié de l’humanité au chômage, voilà une OST parfaite pour écrire ou lire une vision du futur. Oui, tu peux plonger dans « Les Furtifs » sans problème avec Infinite Window.

Mais reprenons, car voilà que déboule la track éponyme de l’album. Encore une fois, cette modulation de la paranoïa virtuelle s’emballe et dévoile tout le tact que prend Kuedo pour nous plonger dans des abîmes tout juste tirés de la pénombre par quelques pauvres néons blafards claudiquant. La métropole-gouffre futuriste avalant ses habitants hyper connectés. Une synthèse de cette musique pleine d’évocations et d’invitations à imaginer, à se projeter, sans pour autant sacrifier la rythmique ou le « punch ». Ce sera moins le cas sur la fin de l’album, plus « beatless » et cinématographique. Pas grave tant les pics émotionnels ont été escaladés avec plaisir…

Le revoilà donc. Robotique, tremblant, tout en progression et en explosions synthétiques, ce son si singulier, tellement théâtral et contemplatif en même qu’il se veut brutal et ultra cadencé. Il est fait pour hanter chaque parcelle où une onde sonore peut se glisser. Que ce soit sur un dancefloor médusé ou sur un banc face à un bouquin, Infinite Window ouvre une fenêtre directe sur l’existant-ciel 😉

Anthracite

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