« Allez patron, une bonne sélection de clips de l’hiver écoulé… Et bien tassé s’il te plaît… Que je me réchauffe un peu les esgourdes et les mirettes ! »
DOT // Buy.Eat.Shit.Fuck.
Premier de cordée, Dot et son Buy.Eat.Shit.Fuck. Abstract hip hop instrumental bien léché illustré dans un clip un peu burlesque, assez halluciné, complètement sur réaliste… Bref bien bizarre… donc digne d’intérêt ! Une équation qui tombe juste avec ce beau déluge de drums et ces basses lancinantes, parfait compagnon pour un retour brutal à la nature. Vivement la saison des champignons…
JAMES REINDEER
Abstraction pure. Grisaille permanente. Luttes blafardes.
Cette tentative de Haiku n’est vraiment pas à la hauteur de la puissance de la DA de Reindeer. Ces deux clips que sont Description of a Struggle et Black Monolith over Jerusalem semblent construits sur les gravas de cultures indépendantes déterrées à la pioche, brutalement.
L’héritage Anticon est palpable, entre Rock, Shoegaze et Hip Hop en dépression, entre Alias (RIP) et Subtle (la voix rappelle un peu Dose One), Reindeer navigue dans des zones musicales grises, totalement à la croisée des chemins. Mais quelle putain de classe… Sa musique, à la fois douce et puissante, urbaine et naturelle, civique et ésotérique, s’accorde à merveille avec son imagerie, mélancolique, émotionnellement aride, presque occulte.
Bref, bienvenu dans un post-modernisme en pleine descente sur le divan du Dr. Trump…
SOLE // Railing Gainst the Ether
Transition de programme télé (RIP Nolife) ! Voilà Sole, un des fondateurs d’Anticon. De retour, pas vraiment avec le smile, mais avec une sacré verve créative ! C’est comme ça qu’on apprécie Big Sole, éructant sans putain de refrain sur de l’instru bien expérimentale, inquiétante et parano.
Un clip post-apo, en 3d ultra datée, des effets bien cheapos… Voilà qui est parfait pour accompagner le propos. Et en plus, Monsieur Sole te place des sous titres dans tout ce bordel pour que tu saisisses le message ! Le boss remet les pendules à l’heure.
Tout brûle déjà et l’insurrection plane à New Los Angeles, Gattaca ou Néo Tokyo…
DECLAIME // Cop’s Still Ain’t Shit (Featuring Saul Williams, Ms. Dezy & Riley Fresh)
Moment WTF ! Un petit clip en mode insurrection de Sims ou GTA… Il est bon le Declaime ! Dénonciation de la violence policière d’usage, les porcs blessent les pauvres dans leur ego et assènent leurs saloperies de préférences raciales comme si c’était de simples statuts Facebook. Eternel recommencement. « I’m a king on the throne, man, I don’t care about the Popo…care about the Popo« … (rdv 3’00)
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MILO // Take Advantage of the Naysayer
Un bijou… Ce clip, ce son, cet album… de véritables perles créatives… Complètement hypnotique, glaçant de justesse, de sincérité. Milo a sans doute réussi une symbiose entre le fond et la forme avec cette patte, cette identité qui rend un projet cohérent, une collaboration naturelle (ici avec Kenny Segal). La consistance, une perception sans doute de plus en plus rare…
RUN THE JEWELS // Oh Mama
Entertainment et Hype ! Ouais parce que l’hiver c’est pas que de la mélancolie et de la déprime. C’est aussi du cocooning dans la nostalgie d’un bon film de son enfance. Retour vers le futur par exemple.
Run the Jewels ressuscite Doc et Marty avec l’aide d’Adult Swim, mais en version Men in Black trashy… On reconnaît le style d’El-P à des kilomètres, histoire d’injecter quelques acides à une pop culture en manque de folie ou de fantaisie. Pas encore la révolution télévisée, mais un peu d’incorrection dans ce monde de « politesses » correctes…
SLUMBERJACK x QUIX // Vision (featuring Josh Pan)
« Elle est le Monde qu’on superpose à ton regard pour t’empêcher de voir la vérité ». Morpheus.
Pilule bleu pour un trip direct dans le paradoxe digital, une quête de « naturalité » totalement virtuelle. Puis sur les leads de synthés paranos qui claquent et les basses qui assourdissent même ceux qui se bouchent les oreilles, on enlève le masque…
Bass Music, Dubstep, qu’importe, ce bad trip cyber punk remuerait même Gally et Tetsuo ! Émeute numérique en cours…
NGHTMRE & DILLON FRANCIS // Another Dimension
Un bon défouloir nocturne, ça marche aussi pour évacuer le stress hivernal, se réchauffer ou encore laisser gentiment sa cervelle imploser…
Style Drumstep agressif, je m’en foutiste au possible, la course progressive vers la grise rationalité s’arrête. Allez, dessine moi une grosse basse…
A PLACE TO BURY STRANGERS // Never Coming Back
Excès, trop plein, engorgement… Saturation ! Quand une track sait en jouer pour magnifier sa musicalité, les sentiments puissants sont au rendez-vous .
A Place to Bury Strangers, c’est une maîtrise de la saturation qui transfigure son style, qui lui donne identité, une couleur, une texture. Et putain, qu’est-ce que ça ressemble à un cri de rage salvateur ! Saturer jusqu’à s’étourdir, se désorienter et finir par se perdre…
Moment conseil pour aider à faire passer une descente difficile : un petit tour en forêt. Blague à part, le trip Shoegaze de Ghosting est juste maîtrisé à la perfection. La mélodie descend les escaliers 4 à 4 jusqu’au sous sol, avec une intensité dingue, une puissance profondement inquiétante, un instant carrément suspendu dans le temps. Le crescendo du 36ème dessous…
MINT FIELD // Quiero Otoño De Nuevo
Montée progressive, bien ronde, presque grasse… Arrivée au sommet, puis accalmie… Et enfin remontée encore progressive et « touffue ». Une véritable petite douceur que ce Quiero Otoño De Nuevo. Une douce nostalgie de ces moments suspendus en automne, alors qu’on est en train de se cailler et de voir la buée sortir de sa bouche à chaque expiration. Avant un nouveau soupir…
LOWTIDE // Elizabeth Tower
Un petit moment de sourire, porté par une mélodie classe et totalement vintage. Les 80’s s’invitent à la fête du filtre photo du clip de Lowtide. Avec sa guitare efficace, le revival est assuré ! Un petit côté For Against pas désagréable sur cette track. L’OST parfaite pour ouvrir l’album de photo familiale planqué dans un placard chez les parents…
CREUX LIES // Zone
Cette intro… Aérienne, contrastée, cryptique, impossible de rester de marbre face à elle. Alors c’est encore clairement 80’s, mais plus synthétique cette fois, plus céleste aussi. Mais oui, laisse toi arracher un sourire nerveux par ces basses bondissantes et ces mélodies perdues…
JAMES SHINRA
Allez, on termine ce tour d’horizon avec une observation nocturne à l’observatoire du Pic du Midi. Avec James Shinra et le label Analogical Force (pas des inconnus sur ce site !), on sort les combinaisons pour un tour dans la matière noire en apesanteur.
On s’enroule d’abord avec plaisir dans les basses bien dark et les mélodies carrément spatiales du bien nommé Interstellar pour un peu d’endorphine, puis on ressent un peu la pression avec les modulations inquiétantes de Supernova pour ressentir le vertige de l’immensité de l’espace, et enfin on se prépare mentalement à la rencontre du 3ème type avec les breaks totalement 808 de Runn.
Même sans navette, le voyage le plus immense finit peut-être par être intérieur…
Anthracite