« Les clichés ont la peau dure » quand il s’agit de culture. L’origine est le lit des stéréotypes les plus simplistes, les plus réducteurs, parfois anodins, parfois blessants, souvent ridicules. S’entendre dire en soirée un « j’adore la culture arabe ! », étayé de propos péraves sur 3 épices et le couscous, ça a de quoi souler…
Pour ma part voilà ce que j’ai tellement entendu à l’évocation de mes racines Basques et bayonnaises : « Ah ouais, t’es un poseur de bombes ! ». M’ouais. Un peu réducteur quand même.
Question épineuse que le traitement de l’origine socio-culturelle en musique. Encore plus épineuse quand il s’agit d’une origine encore fortement ancrée dans la reconnaissance et le militantisme politique comme peut l’être la culture basque.
Du coup, grande surprise de voir le sujet mis sur la table par un rappeur. Mais demi-surprise de voir VIIle faire.
Beaucoup le tiennent (avec son label Rap and Revenge) pour porte drapeau de l’Horrorcore au vu des nombreux titres gores et crados sortis, mais VII est un artiste plus complexe et plus complet, capable d’écrire des textes plus introspectifs, sombres ou politisés. Et là, on plonge la tête la première dans le registre militant… ce qui n’est pas pour me déplaire !
Ma crainte de voir le sujet traité vulgairement ou de façon superficielle, dans un flots de clichés et de lieux communs, a vite été balayée.
D’abord parce que VII excelle dans le « story telling », ensuite parce qu’il a déjà mentionné le Pays Basque (dont il est lui aussi originaire) et enfin parce qu’il sait très bien se documenter pour servir son propos.
C’est l’immense force de ce morceau. Oui, l’écriture est inspirée, les rimes justes et bien trouvées, mais c’est surtout la précision historique qui nous marque. L’immersion dans la peau de ce résistant de l’E.T.A. est immédiate, amenant dans son sillage une touche de réflexion chez l’auditeur-spectateur.
Tout d’abord sur les moyens de lutte populaire, d’opposition à l’oppression, qu’elle soit dictatoriale, militaire ou culturelle.
Il est certain que l’on ne peut que déplorer l’utilisation de moyens de résistance violents (qui peuvent entraîner la mort injuste d’innocents), mais existe-t-il d’autres choix face à la torture et les assassinats planifiés et décidés aux plus niveaux des États ?
Enfin sur l’écriture de l’Histoire. Quand les puissants et les vainqueurs tiennent le stylo… lire entre les lignes peut s’avérer difficile. Qui sont les plus manipulateurs ? Qui sont finalement ceux qui méritent le plus le qualificatif de terroristes ?
Que dire de l’illustration des propos dans le clip par le réalisateur, Âme ? Encore très juste, avec un enchaînement d’images d’archives, en adéquation parfaite avec le texte de VII, le rendant plus explicite, mais plus accessible aussi.
En conclusion, voilà un beau taf d’information, à la direction artistique prenante grâce à son instru mélancolique et solennel.
Il était important de dépasser des clichés dûs à la méconnaissance du sujet, comme limiter cette lutte à une trop simple fureur violente, c’est chose faite.
Askatasuna.
PS : Je ne peux que vous encourager à lire les précisions de VII à propos de ce texte ici.