Voodoo In My Blood – Massive Attack feat Young Fathers (Clip de la semaine)

Aaaah les goûts et les couleurs… faute de les discuter, ils peuvent parfois s’accommoder. Mais on ne sait jamais quand l’on finit par se résoudre à les questionner.
La découverte de Voodoo In My Blood a précipité ma révélation…

Les épinards… Pour beaucoup, impossible d’en avaler une bouchée depuis qu’ils ont l’âge d’assumer leur hygiène hors d’une couche.

Pendant des années, des décennies, la posture reste figée, immuable et rigide.
Pourtant, les « dégoûts » changent…  Puis un beau jour, on se risque à retenter l’expérience. Et, ô surprise, point de traumatisme, du plaisir même. Le cinglant « j’aime pas » s’évapore alors dans l’espace temps.

Musicalement, pendant les 10 dernières années, j’ai souvent vécu ce genre de moment, le dépassement du souvenir de ce que l’on définit comme ce qu’on est certain de détester… et qu’on finit par adorer !
C’est ce qui s’est produit à propos de Young Fathers avec Voodoo In My Blood.

Parce que les écossais de Young Fathers, groupe rock-trip hop polymorphe hype (ouf !) de chez Anticon, dans mon souvenir c’était « bof, ça chante trop et ça sent la pop ». Que d’erreurs…

Certes, voir écrit Massive Attack ça aurait pu me rassurer. Mais en fait non. Plus depuis Mezzanine. Je juge sans doute trop vite ce nouvel EP, Ritual Spirit… Saletés d’a priori.

anticon - Voodoo - sensibilites melodiques                                Ritual Spirit - Voodoo - sensibilites melodiques

Malgré ces préjugés assez péjoratifs, je test. Je lance le clip, et, rapidement, je me fais « vaudouiser ».

Au début, le froid enveloppe Voodoo In My Blood.
Teintes grises et bleutées, actrice blonde quasi écarlate aux yeux verts (Rosamund Pike), béton et carrelage, couloir de métro oppressant… un cadre parfait pour une ambiance anxiogène et paranoïaque.
Et en même temps que les couleurs deviennent plus chaudes, la pression mélodique s’installe.

D’abord concentrée sur le phrasé répétitif très « syncopé » du chanteur de Young Fathers, la rythmique ponctue ensuite parfaitement cette ambiance, puis s’intensifie, avant un brusque arrêt.
C’est cette approche très progressive qui nourrit toute la production musicale et finalement l’attente du spectateur – auditeur.

Au bout de deux minutes, Voodoo In My Blood décolle. La mélodie robotique se lance, inquiète, s’emballe, module, entêtante comme rarement.

Synchronisée, l’intrigue du clip dévoile ses mystères, un marionnettiste inquiétant, maître vaudou robotique glacial, faisant de la jeune femme sa poupée désarticulée.

Déjà omniprésente, l’angoisse mélodique, vocale, rythmique continue sa montée crescendo en même temps que s’engage cette danse surréaliste entre la machine et son objet humain…
Un tango, une valse, un pas de deux transhumaniste… La chorégraphie transpire la sensualité, à la limite de la vision malsaine, sans jamais devenir obscène.

Impossible de décrocher, la tension est installée à merveille, la musique la conditionne, la direction artistique visuelle la sublime…

 

Cette direction artistique semble clairement porter l’ADN de Young Fathers. Musicalement surtout.
Ce trouble, cette pression, cette émotion profondément fébrile présente dans la voix ou la production, accentuées par les répétitions, les basses, les mélodies… Un ensemble grave, écorché, mais très beau et surtout cohérent, naturel.

Même visuellement, ce n’est pas la première fois que la danse occupe une place prépondérante dans un de leur clip (Shame, l’origine de ma réticence…).

Voodoo In My Blood m’a ainsi permis de réviser totalement mon jugement sur Young Fathers, vous vous en doutez.

L’hybridation très moderne de leur musique (voire post moderne, dans cette manière de réinterpréter des genres plus classiques…) m’a convaincu, je plonge donc dans leur discographie.
J’en ressort déboussolé, comme possédé, et ce grâce à cette deuxième chance salvatrice laissée à Voodoo In My Blood.

Aucun regrets.

Anthracite

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