2016 // VOIX SANS ISSUE

Pêle-Mêle

De nombreuses envolées mélodiques, rythmiques, des moments suspendus, des voyages émotionnels instables, variés, poétiques, puissants, sensibles. Les albums de 2016 envoient du lourd et de la douceur, font l’éloge de la lenteur et l’apologie de la fast life, et ces contradictions s’expriment avec un point commun : la singularité.

Parce que chacun son approche de la tradition...
Pour le voyage permanent et la conclusion magnifique
Pour faire froidement revivre le downtempo
Pour ceux qui dansent avec leur cerveau les yeux fermés
Parce qu'une minerve est inutile dans le fin fond du cosmos californien...
Parce que la poussière sautillant au rythme de basses bien grasses, c'est beau...
THIRD WHALE - "Ep"
Pour perdre le fil sur Take it out...
Pour sa face B, un collage printanier magnifiquement abstract 
Parce que la prose liquide coule sur les prods vaporeuses
EDAMAME - "Ochre"
Pour son naturalisme tellement synthétique

Entre Venetian, Gaslamp, Tor, Dday One, Rwd ou Lucio, le choix était cornélien. Finalement, l’heureux élu sera l’album qui m’aura le plus surpris par son approche, son ambiance et sa densité…

PUBLIC MEMORY – « Wuthering Drum »

La madeleine de Proust ultime : l’odeur enivrante de ce bon vieux goûter de grand-mère, prête à imprégner notre inconscient à vie. C’est ainsi que, parfois, on retrouve ces parfums familiers à des moments inattendus, dans des lieux improbables… mais ré-interprétés à la sauce contemporaine, avec des influences variées, re-configurant finalement le souvenir idéalisé enregistré au fin fond de notre mémoire.

La découverte et les écoutes récurrentes de ce Wuthering Drum me laissent cette étrange et pourtant délicieuse impression. Track après track, on replonge avec gourmandise dans l’âge d’or du Trip Hop façon Mezzanine ou Londinium, avec rythmiques hybrides, nappes obscures omniprésentes, passages en roue libre instrumentale ou accélérations parfaites. La bonne école quoi.

Mais on n’est pas face à une simple repompe nostalgique facile, loin de là. Il y a un côte glacial qui tranche, très electronica, et trempe le caractère de l’album. On y retrouve aussi un côté gothique, avec cette voix infusée à l’éther, à la frontière des (du) genre(s). C’est dark, rythmé, inquiétant, plein de moments suspendus, contemplatifs, y’a beaucoup d’espace laissé à chaque éléments des compos, de la voix aux drums, en passant par les basses et les synthés. Ça respire. Peut-être pas la bonne humeur, mais ça respire. Et c’est sacrément agréable !

En gros, l’album est très facile à écouter et pourtant pas si accessible. Et encore moins simpliste. Sa beauté prend directe à la nuque, la patte de l’homme orchestre, Robert W. Toher, imprègne les compositions et rend le tout très cohérent, consistant. Puissant, mélodieux, sombre et authentique, le charme de Public Memory est irrésistible, impossible à oublier…

Anthracite

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