Pêle-Mêle
L’année du confinement. Autant dire que les playlists et les albums ont tourné, avec à la clé, des découvertes bien sympathiques. Et au milieu d’investigations de sons bien à l’ancienne, quelques pépites de 2020 se sont aussi révélées à mes esgourdes.
Mais juste avant de scotcher le canap de force, une oeuvre très singulière m’avait poussé à décoller mes fesses de cette assise enfoncée…
R.A.P. FERREIRA – « purple moonlight pages »
Nos âmes ont besoin de nourriture. Ces denrées spirituelles sont tantôt bienveillantes, tantôt plus nerveuses, parfois plus sombres. C’est sûrement ce que le language musical réussit le mieux, parler à chacun en fonction de son état ou de son envie émotionnelle et sentimentale.
Ce qui est plus compliqué à réussir, c’est de faire cohabiter avec brio et justesse une palette variée de ces feelings en un seul album, sans pour autant passer à côté et devenir cul cul quand on veut être positif, ou cliché (voire faux) quand on traite de thématiques plus sombres.
Finalement qu’importe l’intentionnalité, c’est la sincérité qui fait la cohérence. Et si, en plus de la pertinence évidente se produisent des moments de magie et d’alchimie, la démarche devient complètement artistique. Tiens, ici, pour du Hip hop de 2020, c’est carrément le cas !
L’album de R.A.P. Ferreira (AKA milo) peut couler pendant un vernissage dans n’importe quel musée d’art contemporain ou n’importe quelle galerie hype ou underground, y’aura pas de fausse note ou de faute de goût. Comme évoqué nonchalamment avec un pote après avoir calé plusieurs morceaux de cet album dans un bar ni vu ni connu, on est face à un rap des « Beaux-Arts ». Du rap « arty », pour auditeurs sensibles aux arts…
Mais ça veut pas dire que c’est du rap qui pète plus haut que son cul ou qui te prend de haut. Au contraire. Avec cette verve franche et inarrêtable, R.A.P. Ferreira te tient par la main pour un trip authentique, ultra sincère, d’une pureté artistique dingue. La sensibilité jazzy est plus que prégnante, le soucis de qualité musicale et textuelle est constant, l’auditeur est sans cesse sollicité pour ressentir, bouger, sourire, se concentrer, s’élever… et ne jamais atterrir !
Ok, l’album commence doucement, mais une fois lancé (au bout de 4–5 tracks quoi), enchaîne sans creux, enquillant les moments de grâce, sans être jamais consensuel, en proposant juste une approche classieuse, témoin d’un amour réel de l’art et de la musique. Alors si rapper à propos du fait simple mais essentiel de produire une idée et un raisonnement te semble pertinent, toi aussi, laisse toi porter par cette douce vague créative.
Anthracite
PS : Thank U, Art