Pêle-Mêle
Entre blues post-enfermement forcé (syndrome de Stockholm « On ») et sentiment de plénitude à voir la vie couler à débit maximum , la sélection musicale de 2021 passant par mes enceintes avait besoin d’être pacifiste. Et en plus R.A.P. Ferreira nous fait le plaisir de sortir 2 galettes de qualité la même année, carrément dans cette veine posée et groovy…
Mais chasse le naturel, il revient au galop ! La découverte 2021 est plutôt le produit de la paranoïa et du cybernétique. Ctrl-alt-suppr sur le cool…
DRUMMACHINEMIKE – « Former Futures »
Que penseraient les auteurs d’anticipation morts il y a plus de 20 ans de la société d’aujourd’hui ? Que penseraient-ils de l’influence qu’ils ont laissée, que ce soit sur des normes, des comportements, des usages ou des esthétiques technologiques ? Et que penseraient-ils de ceux qui, à leur tour, se projettent pour proposer leurs visions ou sonorités de ce que sera le futur ?
Ce Former Future ne répond absolument pas à ce genre de questionnement. Il les appuie encore plus à la rigueur. Il ne propose pas non plus ce que pourrait être le son de demain. Néanmoins, impossible de rester de marbre en lançant cette OST géante des funérailles de la musique électronique analogique.
Tantôt dystopique, parfois plus cosmique, chaque pièce de l’album forme un tout ultra cohérent, pas une addition de track pour faire le nombre. Que tu sois fan de SF, d’anticipation, méga technophile ou effrayé par notre civilisation nucléaire droguée à la chasse aux données, quelque chose résonnera forcément dans ton cerveau. Images futuristes de nos enfances, évocations cinématographiques, souvenirs littéraires ou réflexions plus sociétales et systémiques, le pouvoir d’évocation de ces instrumentaux est évident, universel.
Avec un rythme plutôt posé, alternant plages très « ambient » (Sharp Knives, une folie), ou plus rythmiques pour propulser les morceaux dans les cieux, toutes les conditions sont réunies pour laisser voguer l’esprit et l’imaginaire toutes voiles dehors.
Ces 17 morceaux dépeignent très bien notre société algorithmée (bientôt à outrance ?), où les visions mégalos d’Elon Musk dessinent un monde faussement augmenté et individualisé à l’extrême. Mais ils peuvent aussi bien évoquer la nécessité nostalgique de recueillir un enfant robot perdu, tout droit sorti d’un monde parallèle rétro-futuriste cybernétique à la Tezuka. Un album pour bercer avec douceur rêves, ou illusions, passés, présents, comme futurs…
Anthracite